Se choisir un nom n'est pas chose facile.
D'autant que mon prénom, Enola, qui à l'envers se lit : alone - en anglais : seule - me va comme un Je me vois pourtant condamnée aux pseudonymes, seul moyen d'échapper à mes frères aînés, Mycroft et Sherlock Holmes, qui se sont mis en tête de m'expédier en pension pour faire de moi une lady. Peine perdue ! J'ai maintes fois réussi à tromper leur vigilance, allant même jusqu'à résoudre des enquêtes qui laissait perplexe mon détective de frère.
Or, en ce frais matin de mars 1889, dans l'East End de Londres, alors que je m'inventais encore une nouvelle identité, mon attention fut captée par un titre du Daily Telegraph : : Mystérieuse disparition de l'associé de Mr Sherlock Holmes - le Dr Watson introuvable ! Deux personnes déjà cherchaient à savoir où se trouvait le Dr Watson : sa femme, il va de soi; et son meilleur ami, mon frère Sherlock.
On pouvait désormais eu ajouter une troisième : moi.
La petite sœur de Sherlock Holmes, Enola, est sur la brèche d'un nouveau mystère : le Dr Watson a disparu ! Déguisée en jeune fille de bonne famille, Enola va parvenir à doubler son frère grâce à sa connaissance du langage des fleurs que lui a transmis leur mère. Sherlock, beau joueur, félicite par le biais d'une petite annonce celle qui refuse de se mettre sous la coupe des hommes.
Les aventures d'Enola développent enfin dans ce troisième tome les thématiques qu'elles portaient en germe, tout en offrant une enquête policière singulière et aboutie. Parsemée de fausses pistes, mystérieuse jusqu'au bout, l'affaire Watson garde en effet unité et suspens car elle est moins entrecoupée que précédemment des recherches autour de la mère d'Enola. En outre, elle nous permet une nouvelle plongée dans le Londres victorien et ses vicissitudes : n'en disons pas plus, mais la misère pouvait y prendre des formes effrayantes. L'époque d'Enola, c'est aussi celle de la femme soumise à l'homme : " Il n'était pas rare alors qu'une femme fût envoyée à l'asile pour " conduite incongrue " - laquelle pouvait consister, simplement, à lire des romans jugés osés, à refuser d'obéir, à contester l'autorité maritale. " (p. 90). Le parcours de la jeune fille est d'ailleurs dicté avant tout par l'idée de demeurer libre, même si elle sait très bien utiliser les atouts de sa féminité pour parvenir à ses fins. Le portrait de la narratrice Enola s'approfondit, elle s'adresse malicieusement à son lecteur, explique sa relation difficile avec sa mère, son désir de faire le bien autour d'elleà Un roman complet, captivant : l'auteur a finalement trouvé les idées originales, le ton juste qui mêle historique, policier et psychologie, pour que la série prenne son envol.
