La trajectoire discographique d’Ibeyi est une boucle. Elles avaient enregistré leur premier album dans le studio de Richard Russell. Elles étaient même les premières à travailler dans ce studio, et y sont retournées pour l’enregistrement de Ash, toujours avec Richard Russell. A l’écoute de ce second album, on entend d’abord que rien n’a changé. Parce que, sur le fond, Ibeyi est toujours ce duo de sœurs dont les voix s’enlacent sur fond de percussions, dans des chansons charnelles et mystérieuses, comme des prières légères. Mais tout a évolué. Dans la musique d’abord. Plus d’instruments, plus d’arrangements, plus de groove, de l’auto-tune, une chorale, des invités rencontrés sur la route (le saxophoniste Kamasi Washington, Chilly Gonzales, Me’shell Ndegeocello, la rappeuse espagnole La Mala) et d’autres (toutes des femmes), conviées par la magie des samples (Michelle Obama, Frida Kahlo, Claudia Rankine l’auteur de The Citizen, un livre de poèmes sur l’expérience du racisme). Cette nouvelle énergie dans la musique d’Ibeyi reflète leurs deux années de tournées, de rencontres, de nouvelles expériences, de vie et d’ouverture sur le monde tout simplement.